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laissé tout ce qu’il possédait et que l’acte qui établissait ses droits était déposé dans le cabinet indien de Mme Trimm, qu’il avait si souvent admiré. On eût dit que Totty avait tout arrangé pour obtenir sa reconnaissance et il la lui accordait sans restriction, car elle montrait ainsi et sa profonde admiration pour ses œuvres et son désir de la faire partager à ceux qui la touchaient de près.

N’ayant rien à faire pendant une heure, George pensa à aller voir Constance et Grâce. Elles n’étaient de retour que depuis deux jours, mais il était désireux de savoir si Mme Bond commençait à se consoler un peu.

Grâce le reçut dans l’ancien salon familier. Elle était assise à la même place que Constance avait coutume de prendre quand il venait la voir.

« Constance est sortie, dit Grâce. Elle le regrettera beaucoup. C’est bien bon à vous de venir si tôt.

— J’espérais vous trouver mieux, répondit George en la regardant et sans faire attention à sa phrase. Et je m’aperçois que vous n’avez pas changé. Pourquoi ne voyagez-vous pas pour créer une diversion quelconque ?

— Je vais très bien, répliqua Grâce avec un léger sourire qui ne fit qu’augmenter la tristesse de son expression. À quoi bon partir ? Cela n’y ferait absolument rien.

— Mais je vous assure que si. Votre chagrin se retrouve dans tout ce que vous voyez, dans tout ce que vous entendez, dans tout ce qui vous est familier… même dans moi, dans ma présence.

— Vous vous trompez. Il est là. »

Elle mit sa main sur son cœur et fixa un instant ses grands yeux sur George ; puis elle laissa tomber son bras et détourna la tête.