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pable de supporter n’importe quelle privation par amour pour George, mais puisqu’il n’y avait pas de perspectives immédiate de privation, elle préférait ne pas en parler. Sa principale pensée, pour le moment, était de rendre la maison de son mari agréable, et, à l’école de sa mère, elle avait appris cet art.

« Adieu, chère vieille maison ! » s’écria la jeune fille pendant qu’ils se tenaient sous la véranda à la chute du jour, avant d’aller s’habiller pour le dîner.

Elle envoya des baisers avec ses doigts et au jardin et aux arbres.

George se tenait à ses côtés en silence, les yeux fixés de l’autre côté du fleuve sur la silhouette brumeuse des montagnes.

« Tu n’es donc pas fâché de quitter tout cela ? demanda Mamie.

— Très fâché, » répondit-il, ne sachant pas trop ce qu’il disait.

Puis il se baissa et déposa un baiser sur le front pâle de la jeune fille, et tous deux rentrèrent dans la maison.

Ce soir-là, George veilla tard dans sa chambre ; il parcourut le manuscrit qui s’était grossi pendant les mois d’été. Il était à peu près terminé et il comptait écrire le dernier chapitre à New-York. mais il fut pris de l’envie de le relire avant de quitter le milieu dans lequel il l’avait composé. Ce qui le frappait le plus dans ce travail, c’était le soin avec lequel il était fait. Il n’y avait pas beaucoup d’imagination dans ce livre, mais la clarté du style en était remarquable. Il s’étonna de la froideur de certaines scènes qui. dans sa première conception de l’histoire, promettaient d’être les plus dramatiques. Il s’étonna plus encore du