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mal d’argent… et pourtant vous avez fait tout ce que vous avez pu pour que Mamie l’épousât. Mon amitié pour lui n’a rien à faire là-dedans, s’entend.

— Rien à faire ? Oh ! Sherry, comment pouvez-vous dire des choses pareilles !

… Absolument rien. J’aurais pu aimer des tas d’autres jeunes gens. Quelle raison spéciale aviez-vous pour choisir celui-là en particulier ? C’est là ce que je désire savoir.

— Oh ! voilà tout ? Mamie l’aimait, mon ami. Je le savais depuis longtemps, et, certaine de votre approbation, je l’ai amené ici. Ce n’est pas une question d’argent. Nous en avons plus qu’il ne nous en faut. Ce n’est pas comme si nous avions eu deux ou trois enfants à établir.

Elle donna à ces derniers mots une intonation pleine de tristesse, produisant toujours, elle ne l’ignorait pas, de l’effet sur son mari, qui regretterait amèrement de n’avoir pas de fils.

« C’est juste, répondit-il tristement. Mamie est seule et tout est pour elle. C’est pour cette raison que nous devrions être prudents. Elle n’est pas comme bien des jeunes filles : elle a un cœur qui se briserait si elle était malheureuse.

— Voilà la véritable raison. Vous ne paraissez pas vous rendre compte qu’elle est éperdument éprise.

— Sans doute ; mais était-elle éperdument éprise, comme vous dites, quand vous les avez amenés ici ?

— Longtemps avant…

— Alors, pourquoi ne me l’avez-vous jamais dit ?…

— Parce que je supposais, comme tout le monde du reste, que George avait l’intention d’épouser