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Puis, tandis qu’il s’éloignait sur le fleuve, il suivit des yeux sa mince silhouette qui gravissait l’allée tournante conduisant du débarcadère à la terrasse. Lorsqu’elle fut arrivée en haut, elle lui fit signe de la main en souriant.

« Je ne voudrais pas qu’il pût penser que cela me fait de la peine… non, pour rien au monde ! » se disait-elle en faisant ce geste amical et en s’éloignant.


XXIII


Sherrington Trimm arriva le lendemain dans l’après-midi plus rose et plus frais que jamais. Après les effusions affectueuses du retour, il procéda à l’interrogatoire particulier de chacun des membres de la famille. Il commença par Mamie. Le point le plus important, suivant lui, était de s’assurer si la jeune fille était réellement éprise ou si elle n’avait contracté qu’un attachement superficiel pour George Wood. Sachant tout ce qu’il savait et tout ce qu’il supposait ignoré de sa femme, il ne pouvait s’empêcher de voir ce mariage avec complaisance, sous le rapport de la fortune. Mais s’il avait été certain que le bonheur de sa fille dépendît réellement de cette union, il l’eût donné avec autant d’empressement à George le romancier ; relativement pauvre, qu’à M.  Winton Wood, le futur millionnaire.

« Voyons, Mamie, dit-il en passant son bras sous le sien et en l’emmenant dans le jardin, voyons, Mamie, raconte-moi tout. »

Mamie rougit légèrement et lança un timide regard à son père, puis elle baissa les yeux.

« Il n’y a pas grand’chose à dire, répondit-elle. Je l’aime et je suis très heureuse. N’est-ce pas assez ?