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beau-frère. Voilà tout. Autrefois, il y a plus d’un an de cela, nous nous disputions souvent, Constance et moi, à propos de vous. Elle admirait tout ce que vous faisiez et j’étais loin de l’imiter. C’était avant la publication de votre premier ouvrage, quand vous n’écriviez encore que des articles pour les petits journaux. Elle les trouvait tous des chefs-d’œuvre et, pour moi, la plupart n’étaient que du bavardage. Depuis, vous avez écrit plusieurs choses que j’ai trouvées bonnes et vous vous êtes fait un nom. Mais ce n’est pas pour cette raison que mon opinion sur vous a changé. Si vous écriviez encore vos petits articles, je penserais tout autant de bien de vous que j’en pense à présent. Je vous croyais… un être intelligent, un peu faible et sans énergie. J’ai découvert que vous étiez fort, brave, et raisonnable. Je ne m’attends pas à ce que vous songiez jamais à épouser ma sœur, mais si vous le faisiez, j’en serais bien aise, et si vous ne le faites pas, je regretterai toujours de ne pas avoir usé de toute mon influence pour que Constance vous acceptât. J’ai fini et je suis bien contente d’avoir eu l’occasion de vous dire ce que je pensais. »

George garda le silence pendant quelques minutes. Tout ce qu’il venait d’entendre confirmait ses idées sur le caractère de la jeune femme. Mais il restait satisfait de sa franchise.

« Moi aussi, répondit-il enfin, j’ai changé d’avis à votre égard. Je m’étais toujours figuré que vous étiez un obstacle entre votre sœur et moi, et que sans vous il y a longtemps que nous aurions été heureusement mariés. Je vous détestais donc cordialement. Quand vous êtes venue m’apporter sa décision, j’ai d’abord cru à votre sincérité : mais, une fois hors de la maison, j’ai commencé à