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« Non, répondit Grâce. Ce ne sera pas suffisant. Elle m’inquiète en ce moment. Si elle continue ainsi, elle deviendra une de ces femmes maladives, névrosées, craintives, qui s’imaginent sans cesse avoir commis de grands péchés et ne sont jamais satisfaites de leur repentir.

— Elle est trop sensée pour…

— Non, elle n’est pas sensée pour ce qui concerne sa conscience. Je voudrais qu’il se trouvât quelqu’un qui pût la faire sortir d’elle-même,… quelqu’un de fort, d’enthousiaste, qui débarrasserait son esprit et son cœur de toutes ces sottises-là.

— En d’autres termes, dit George en souriant, vous voudriez que votre sœur se mariât.

— Oui, si elle pouvait épouser l’homme qui lui conviendrait… un homme comme vous, par exemple.

— Comme moi ! s’écria George très surpris.

— Oui… puisque cela m’a échappé. J’aurais voulu qu’elle vous épousât, en définitive. Vous allez peut-être trouver que je change facilement d’avis. J’en conviens. Je me suis trompée. Je vous avais mal jugé. Si l’on pouvait revenir en arrière, au lieu de me désintéresser de ce qui se passait l’année dernière, je vous aurais aidé. Cela eût beaucoup mieux valu. J’ai des regrets à présent.

— Je ne me serais jamais attendu à vous entendre dire cela, dit George en observant les grands yeux noirs de la jeune femme pour essayer de lire dans ses pensées.

— Je vous ai déjà dit une fois que ma seule vertu était la franchise. Ce que je pense, je le dis, lorsque l’occasion se présente. Je vous ai assuré que je n’avais jamais eu de haine contre vous, c’est parfaitement vrai. Je n’avais pas de sympathie pour vous et ne vous désirais pas pour