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Il s’était imaginé qu’elle accueillerait différemment sa nouvelle. Elle l’avait, en apparence, reçue avec une très grande froideur. Cela, du moins, était une satisfaction. Mais il ne savait, pas si elle était réellement contente ou fâchée d’apprendre qu’il allait se marier.

Quand il entra dans le salon, Grâce se leva et alla à sa rencontre. Elle paraissait plus grande et plus majestueuse depuis la mort de son mari et son visage portait l’empreinte d’une volonté énergique et d’une tristesse qui ne s’y trouvait pas autrefois.

« Je suis très contente de votre visite… c’est bien bon à vous d’être venu, dit-elle.

— En dehors du plaisir que j’éprouve à vous voir, je ne pouvais faire moins, puisque j’avais promis… J’ai rencontré votre sœur dans le jardin. Elle m’a dit qu’elle avait tenté en vain de vous éloigner d’ici pendant quelque temps. »

Grâce hocha la tête.

« Pourquoi m’éloignerais-je ? demanda-t-elle. Je suis moins malheureuse ici que je ne le serais ailleurs.

— Pourtant cela vaudrait mieux pour vous deux. Votre sœur a très mauvaise mine et j’ai été frappé de son changement.

— Vraiment ? Pauvre enfant ! Ce n’est pas gai pour elle. Je suis une si triste société. Je finirai tout de même par partir à cause d’elle.

— Je crois que vous lui rendrez ainsi un grand service, » observa George.

Il trouvait très difficile de causer avec cette jeune veuve au cœur brisé, et, bien qu’il admirât sa douleur, il ne pouvait s’empêcher de se demander quel temps elle laisserait passer avant de prendre un autre mari.