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— J’en suis sincèrement désolé, dit gravement George. J’ai beaucoup d’affection pour elle.

— Oui, je le sais. Si la situation eût été différente. »

Elle s’arrêta comme pour lui demander son aide.

« Vous en auriez été ravie. Je comprends cela. »

George pensa qu’elle faisait allusion à son manque de fortune ; c’est, du reste, ce qu’elle voulait lui faire croire, pour l’attrister un peu d’abord afin de le surprendre davantage ensuite.

« Non, mon cher George, vous ne me comprenez pas. Je veux dire que, si vous aviez pour elle de l’amour au lieu d’une simple amitié, ce serait plus facile de nous entendre.

— Pour que je parte ? demanda-t-il un peu perplexe.

— Non, certes ! me croyez-vous une aussi mauvaise amie que cela ? Vous êtes dur. Eussé-je tant insisté pour que vous vinssiez passer l’été avec nous et vous aurais-je laissés si souvent ensemble ?…

— Voyons, vous ne voulez pas dire que vous désirez que je l’épouse ! s’écria George dans le plus grand ébahissement.

— Cela me rendrait très heureuse, dit doucement Totty.

— Je suis stupéfait ! s’écria George. Je ne sais que dire… cela me semble si étrange !

—Étrange ? Cela me semble bien naturel, à moi. Mamie est ma première affection… et tout ce qui peut contribuer à son bonheur…

— Et elle ? demanda George.

—Elle vous aime, George… de tout son cœur. »

Totty lui toucha doucement la main.

« Et elle ne pourrait aimer personne que nous fussions plus heureux de lui voir épouser, » ajouta--