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De prime abord George fut agréablement impressionné par toutes deux, et surtout par le singulier contraste qu’elles formaient, si jeunes et si fraîches, dans ce cadre de salon, si sévèrement meublé. Après quelques secondes d’hésitation, il s’assit près de Grâce.

« Aimez-vous les chevaux, le canotage, les modes, et en général ce que l’on fait, mademoiselle ? demanda-t-il.

— Non, monsieur, » répondit Grâce, en fixant sur lui ses yeux noirs avec une expression de froide surprise.


III


Le regard ébahi avec lequel Grâce Fearing accueillit cette singulière façon de commencer une conversation décontenança un peu George, bien qu’il s’y fût à moitié attendu. Il avait fait cette question encore sous l’impression du bizarre conseil de Totty, incapable de résister plus longtemps à l’envie de communiquer ses sentiments à quelqu’un.

« Vous semblez surprise, dit-il. Je vais m’expliquer. Toutes ces choses me sont complètement indifférentes, mais, en venant ici, ma cousine m’a fait une conférence sur la conversation mondaine.

— Et elle vous a conseillé de nous parler de chevaux ? demanda Grâce en commençant à sourire.

— Non. Pas à vous. Elle m’a donné à entendre que vous étiez toutes deux fort instruites ; mais elle m’a donné une liste des choses dont un homme doit parler dans le monde et je me flatte d’avoir assez bien retenu le catalogue.