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Pendant qu’il traversait le fleuve en ramant lentement, George ne put s’empêcher de se rappeler la Grâce Fearing d’autrefois et de la comparer à la femme qu’il venait de quitter. Les paroles qu’elle avait prononcées pour faire l’éloge de son courage résonnaient encore à son oreille avec leur accent de gratitude qui allait au cœur et il voyait encore le regard qui les accompagnait. Elle n’avait jamais cherché à dissimuler le peu de sympathie qu’elle avait pour lui, alors qu’elle craignait qu’il n’épousât sa sœur ; mais lorsque Constance s’était enfin décidée à donner sa réponse, c’était Grâce qui l’avait portée, avec une sincérité qu’il sentait réelle maintenant. En effet, si elle lui eût jamais fait du tort, dans un pareil moment et en le remerciant, ne lui eût-elle pas avoué qu’elle l’avait trompé jadis ? C’était une femme étrange, pensa-t-il, mais une femme forte et loyale. Il ne comprenait pas son désir de le voir souvent, car il aurait supposé que sa seule présence devait raviver les plus pénibles souvenirs. Mais il résolut, s’il restait encore quelque temps, de traverser le fleuve quelquefois pour venir passer une heure avec elle. Le souvenir de l’entrevue de ce jour-là ferait paraître toutes les autres agréables.

Cet après-midi l’avait fatigué et il fut bien aise de se retrouver au milieu de choses plus agréables et plus familières. Devant Totty, il raconta très brièvement sa visite. Grâce avait l’air très malade, elle faisait preuve d’un grand courage et avait, désiré connaître quelques détails de l’accident. Il ne voulut pas en dire davantage.

Dans la soirée, il resta seul sous la véranda avec Mamie.

« Dis-moi, qu’a-t-elle fait vraiment ? » demanda celle-ci après un long silence.