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Son visage n’exprima rien en parcourant les quelques lignes du billet, qu’il plia et mit dans sa poche.

« Mme Bond me prie d’aller la voir, expliqua-t-il. Je me demande pourquoi.

— C’est assez naturel, répondit Totty : elle désire probablement vous remercier de ce que vous avez fait.

— Je n’en vois pas la nécessité, vu le déplorable résultat, observa George d’un air pensif.

— Iras-tu aujourd’hui ? demanda Mamie dans l’espoir qu’il lui offrirait de l’emmener avec lui.

— Certainement, » répondit-il d’un ton bref.

Dès que le déjeuner fut terminé, il retourna à son travail, sans passer son quart d’heure de grâce, comme il l’appelait, à causer avec sa cousine.

En dépit de sa vigoureuse organisation, George était nerveux et impressionnable et il éprouvait une violente répugnance à revoir le théâtre du fatal accident. Il était cependant retourné plusieurs fois sur le fleuve depuis que Bond s’était noyé et avait emmené Mamie avec lui, pour vaincre tout de suite les premières impressions. Mais il ne se souciait pas de ramer dans l’eau même où Bond avait trouvé la mort et où lui-même avait été sur le point de perdre la vie. Bien que la petite pointe boisée fût plus près de la maison que le débarcadère, ce fut en ce dernier endroit qu’il aborda.

Il trouva Grâce dans le grand salon, et son aspect lui fit de la peine. Son visage était très grave, presque solennel, en son immobilité, et ses yeux paraissaient démesurément grands.

« Je crains de vous avoir donné beaucoup d’ennui, monsieur Wood, » dit-elle en posant sa main froide et amaigrie dans celle de George.

Il se rappela combien jadis son étreinte avait été chaleureuse et pleine de vie.