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vous étiez un personnage de roman ? De quoi croyez-vous donc que je suis fait ? »

Constance cacha sa tête dans ses mains et un long silence suivit. Elle ne pleurait pas, mais elle avait l’air d’essayer de rassembler ses pensées et, en même temps, de fuir un spectacle pénible. Enfin, elle leva les yeux et elle s’aperçut que la figure de George était empreinte d’une tristesse profonde. Elle le connaissait et savait que les impressions qu’il éprouvait devaient être bien fortes pour que ses traits trahissent ce qui passait dans son esprit.

« Pardonnez-moi, George, dit-elle d’une voix suppliante. Je ne savais pas que vous m’aimiez… que vous teniez toujours à moi.

— Cela n’est rien, répondit-il avec amertume. Cela se passera. »

La pauvre Constance sentit qu’elle avait perdu en un moment ce qu’elle avait gagné avec tant de difficulté… le renouvellement de rapports sans contrainte. Elle se leva lentement ; lui, resta assis, étant encore trop immédiatement sous l’influence de l’émotion qui l’avait envahi, pour faire attention à ses mouvements. Elle vint se placer devant lui et le regarda bien en face.

« George, dit-elle lentement et gravement, je suis très malheureuse ; plus malheureuse que vous ne pouvez le deviner. Vous m’êtes plus cher que tout ce qu’il y a sur la terre et pourtant je ne cesse de vous offenser et de vous blesser. Cette vie-là me tue. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse et que je dise et je le ferai et le dirai… tout… comprenez-vous ?… tout, plutôt que d’être séparée de vous comme je l’ai été pendant ces trois derniers mois. »

Elle pensait véritablement ce qu’elle disait et,