Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 205 —

« Cela ne vous ennuie pas de causer avec moi ? demanda-t-elle tout à coup en changeant soudain de conversation.

— Non ; mais je trouve qu’il serait difficile, pour vous comme pour moi, de causer longtemps de ces choses-là.

— Pour n’avoir plus à y revenir… dorénavant, il vaut mieux épuiser aujourd’hui tout ce que nous avions sur le cœur. Et nous nous reverrons plus souvent désormais, voulez-vous ?

— Cela vous fait-il plaisir de me voir ? »

Il y avait une nuance de dureté dans son ton. Constance baissa les yeux et la rougeur couvrit son visage amaigri. Sa voix tremblait un peu quand elle prit la parole.

« Allez-vous encore être dur avec moi, ou désirez-vous réellement le savoir ?

— Je parle sérieusement. Cela vous fait-il plaisir de me voir ?

— George… Je viens de passer l’heure la plus heureuse que j’aie passée depuis le 1er  mai !

— Êtes-vous donc impitoyable ? demanda George avec violence. M'aimiez-vous, puisque vous teniez à me voir ?… ou bien, cela vous amuse-t-il de me faire souffrir ? Tenez, je ne pourrai jamais vous comprendre. »

Constance fut effrayée par cette soudaine explosion de colère et pâlit.

« Que voulez-vous dire ? demanda-t-elle d’une voix assurée.

— Croyez-vous que ce soit un plaisir pour moi de causer comme nous l’avons fait ? Supposez-vous que mon amour pour vous n’ait été qu’un vain mot, qu’une idée, qu’une imagination ? Vous figurez-vous qu’en trois mois j’ai oublié et cessé de penser, que j’ai appris à, parler de vous comme si