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— Non, dit George, mais il y avait cette différence…

— Attendez, laissez-moi achever ce que j’allais dire. Ce n’est pas ce que j’ai fait qui vous a blessé ; c’est que je l’ai fait beaucoup trop tard. Vous n’auriez pas cessé de venir me voir, si tout cela était arrivé il y a un an. Ma faute consiste à avoir attendu trop longtemps. C’est très mal. J’en ai été désolée. Il n’est rien que je ne fasse pour vous… Mes sentiments à votre égard sont absolument ce qu’ils ont toujours été… ils sont même plus vifs. Puis-je m’humilier davantage devant vous ? Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de femmes qui en fassent autant. Faut-il me faire encore plus humble ?

— Vous avez fait tout ce qu’une femme pouvait et devait faire, » dit George, sans amertume dans la voix.

Il lui semblait que l’ancienne Constance qu’il avait aimée rentrait lentement dans la personne de la jeune fille qu’il avait devant lui, celle qu’il avait récemment traitée en étrangère, et qui l’avait été si réellement à ses yeux.

« Et pourtant, vous ne voulez pas me pardonner ? » demanda-t-elle d’une voix basse et suppliante.

Il regardait la rivière et ne répondait pas. Il ne s’apercevait pas qu’elle observait attentivement son visage. Elle n’y voyait ni amertume, ni dureté, mais seulement une expression de perplexité. Le mot de pardon ne signifiait pas pour lui la moitié de ce qu’il signifiait pour elle. Elle y attachait une intention qui échappait à George. Elle était surexcitée et s’était formée une fausse idée de ce qui s’était passé entre eux. Lui, avec son esprit naturellement sain et fort, ne compre-