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tre fortuite. À la grande surprise de George, elle s’assit sur le gazon, en s’appuyant aux racines de vieux arbres.

« Je vous ai dérangé. Je suis désolée, dit-elle, rasseyez-vous, je vous en prie.

— Pas du tout, dit George en reprenant sa première attitude.

— Mais si ! je vous ai dérangé, et je vous dérange encore. Comme vous êtes dans mon jardin, par excès de politesse, vous vous considérez comme mon hôte. »

En essayant d’être trop naturelle, elle devenait confuse.

George sentit la note fausse. Elle était beaucoup moins à l’aise que lui et elle le laissait voir.

« Je me suis arrêté ici, par simple paresse, dit-il. Je ne me sentais pas le courage de remonter ce lourd bateau plus loin, et je ne tenais pas à allonger le chemin en descendant plus bas. J’ignorais que je fusse sur votre propriété. »

Constance ne dit rien pendant un instant, mais elle frappa le bout de son soulier avec son ombrelle d’un mouvement d’impatience.

« Vous n’auriez pas débarqué ici si vous avez pensé qu’il était possible de m’y rencontrer, n’est-ce pas ?

— Mais il me semble, répondit-il après avoir réfléchi quelques secondes, que, tout en avant peu de raisons pour chercher à vous rencontrer, je n’en ai aucune pour vous éviter.

— Je l’espère, répondit Constance à voix basse. J'espère même que vous n'essaierez jamais de m'éviter…

— Je ne l’ai jamais fait.

— Peut-être, dit la jeune fille sans le regarder. En tout cas, vous avez été peu aimable de ne ja-