pense qu’on pourrait écrire un bon livre sur l’amitié, et moi je pense qu’il serait loin d’être du goût du public. Qu’en dis-tu ?
— Oh ! toi, George, tu es si habile, répondit-elle, que tu peux tout tenter. Ainsi je ne vois pas pourquoi, en somme, tu ne ferais pas un roman de votre amitié à tous les deux ; vous seriez charmants. »
Mamie se remit à sourire en regardant ses deux auditeurs.
« M. Wood pourrait tout aussi bien vous mettre que moi dans un roman, » dit Constance. George crut remarquer que les yeux de Mamie s’allumaient d’un feu sombre.
« Tu pourrais peut-être nous mettre toutes les deux dans le même livre, George, insinua-t-elle.
— Toutes les deux comme amies ? » demanda Constance haussant un peu ses sourcils en même temps que ses narines se gonflaient.
Cette fois-ci elle était tout à fait en colère.
« Oui, certainement ! s’écria Mamie avec un air de parfaite innocence. Que pensez-vous donc que je veuille dire ? Je ne crois pas que, même dans un roman, George se permît de devenir amoureux de l’une de nous deux. »
George, pour mettre un terme à cette conversation désagréable, se retourna vers Grâce et se mit à causer avec elle jusqu’à la fin de la visite.
« Comme je la hais ! » se dit Mamie quand Constance fut partie.
« Quelle méchante petite créature ! » pensa Constance en mettant le pied dans le bateau.