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Le crépuscule s’était fait nuit, mais la lune brillait déjà de tout son éclat. Mamie s’arrêta dans l’allée et cueillit une rose.

« Veux-tu que je te donne une petite représentation ? ajouta-t-elle en riant. Regarde-moi… là… à présent que la lune m’éclaire. »

Elle le regarda bien en face et, une fois encore, ses traits semblaient transfigurés. Elle posa une main sur son bras, de l’autre porta la rose à ses lèvres et y mit un baiser, les yeux souriants et toujours fixés sur lui, puis prononça doucement trois mots qui parurent envoyer comme un frémissement dans l’air calme.

« Je t’aime ! »

Elle fit ensuite le geste de vouloir attacher la fleur à la boutonnière de sa jaquette, et lui se pencha un peu pour l’aider.

Alors, d’un mouvement vif et gracieux, elle se recula et éclata de rire.

« Était-ce bien joué ? s’écria-t-elle en jetant la rose au loin.

— Admirablement, » répondit George.

George trouva très étrange qu’elle fût capable de prendre à point nommé une pareille expression et un semblable son de voix, s’il n’y avait pas d’amour réel dans son cœur.

Mais elle avait eu quelque chose de si parfaitement gracieux dans son attitude, de si séduisant dans son sourire, et son accent était allé si droit au cœur, que cet incident se grava dans sa mémoire comme un merveilleux tableau, à jamais inoubliable. Et dans ses rêves, cette nuit-là, il revécut cette journée ; la taille, la voix, les paroles, étaient bien celles de Mamie, mais le visage était celui de Constance Fearing avec une expression qu’il ne lui avait jamais vue. Le matin il rit