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— Alors tu trouves qu’il n’y a rien de bien mal dans ce que j’ai dit ?

— C’était de l’étourderie… Il n’y avait certainement rien de mal là dedans ; en tout cas, tu ne t’en es pas rendu compte.

— Alors pourquoi veux-tu t’en aller ? demanda Mamie avec une logique et une candeur toutes féminines.

— Mon Dieu, parce que… »

George resta embarrassé.

« Tu ne vois donc pas que je me suis moquée de toi ? reprit Mamie. Te figures-tu que si j’étais amoureuse de toi je te le dirais ? Faut-il que tu sois fait !

— Et aussi, affirma George, quand je t’ai dit que je voulais m’en aller, je ne faisais qu’entrer dans ta plaisanterie et suivre ton idée »

Les choses prenaient une tournure très inattendue et sa résolution de partir commençait à s’affaiblir.

« Donc c’est bien entendu, tu restes, dit Mamie après une courte pause, comme si elle avait résumé l’affaire, délibéré, et rendu son arrêt.

— Je crois bien que oui, » répondit George d’un ton de regret tout en ayant de la peine à réprimer un sourire.

Mamie avait montré beaucoup de tact dans la façon dont elle s’était remise et George lui était involontairement reconnaissant de l’avoir sauvé de la nécessité d’un brusque départ : néanmoins il restait persuadé qu’elle avait été sérieuse.

« Cela a été très bien joué, dit-il après avoir débarqué et en traversant le jardin pour rentrer à la maison.

— Oui, répondit Mamie. Je ne suis pas trop mauvaise comédienne. On m’a toujours fait du succès dans les comédies de salon. »