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Il subissait l’effet d’un charme tout nouveau pour lui. Il leva les yeux et regarda la jeune fille assise à l’arrière du bateau et, en même temps, il pensa à Constance en faisant des comparaisons avec un calme qui le surprit lui-même. Il ne se rendait pas bien compte de ce qui lui arrivait et ne se sentait pas en état de juger ses impressions ; mais son instinct lui disait de partir le plus vite possible et d’interrompre toute relation avec sa cousine, au moins pendant quelque temps. Elle avait discuté cette question avec lui à sa manière, et les réponses qu’elle avait trouvées à tout ne le satisfaisaient pas. Il était de son devoir de quitter Mamie, n’importe à quel prix, et il songeait à partir tout de suite.

« Ma chère Mamie, dit-il enfin, admirant toujours sa grâce, j’en suis désolé pour moi, mais il n’y a qu’un seul moyen. Je ne puis rester ici plus longtemps. »

Elle leva les yeux et le regarda sans sourciller.

« À cause de moi ? demanda-t-elle.

— Oui, et tu sais bien que j’ai raison.

— Parce que j’ai été assez sotte et… et… assez mal élevée, n’est-ce pas ?

— Chère enfant… que dis-tu là ? s’écria George. Je n’ai jamais rien dit de pareil ! »

Il était sérieusement embarrassé pour trouver une réponse.

« Naturellement tu ne l’as pas dit. Mais tu l’as probablement pensé, ce qui revient au même, et tu avais raison. Mais il y a si longtemps que je te connais, que je peux bien me permettre de te dire ce qui me passe par la tête.

— Oui, certes, répondit vivement George, heureux de pouvoir être d’accord avec elle en quelque chose. Il y a bien longtemps, comme tu dis… depuis notre enfance.