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sons de campagne que l’on pouvait voir de chez elle. Aussi, lorsqu’il traversait le fleuve et ramait le long de l’autre rive, George avait soin, pour éviter jusqu’à la possibilité d’une rencontre, de rester éloigné de la propriété des Fearing. Or, une après-midi, il remontait lentement le fleuve en se dirigeant vers un endroit où le courant était faible et où il amarrait quelquefois le canot à un ancien débarcadère, pour se reposer et causer plus à l’aise avec Mamie. Celle ci, assise à l’arrière, confortablement appuyée sur les coussins, tenait les cordes du gouvernail. Quoiqu’elle sût très bien gouverner et même assez bien ramer, pour marcher contre un courant moyen, George, qui avait l’habitude d être seul en bateau, ne lui laissait jamais prendre les avirons. Mamie observait indolente le mouvement régulier des rames ; mais à un moment, son regard se porta le long du fleuve, vers l’autre rive, et elle essaya de découvrir le toit de la maison des Fearing au-dessus des arbres.

« George, dit-elle tout à coup, seras tu fâché si je… ?

— Je ne suis jamais fâché, répondit son cousin. Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ? Si tu préfères descendre à terre, je t’arrangerai une ligne.

— Non ; je préfère rester dans le bateau. Mais j’ai bien peur que tu ne sois fâché tout de même. C’est quelque chose que je veux te demander et je suis sûre que cela ne te fera pas plaisir.

— Un moyen de ne pas se fâcher serait alors de ne pas faire ta question, observa George avec un calme sincère.

— Mais je voudrais tant te la faire ! » s’écria la jeune fille avec une expression si suppliante que le sourire de George se changea en un éclat de rire.