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roman, et je me trompe fort ou il n’y a pas plus de roman en elle que dans un carton à chapeau ! Sans cela elle n’aimerait pas M. Johnnie Bond… et pourtant, comme elle l’épouse, c’est qu’il lui plaît. Il faut donc qu’il y ait une raison qui m’échappe. —Mais cette raison-là est suffisante. Enfin, tu peux ne pas te soucier de John Bond, mais tu pourrais te soucier d’un autre. Tu ne m’as pas dit à quoi ressemblait ton idéal ?

— À quoi bon ? Tu devrais le savoir, maman, sans que je te le dise.

— Évidemment, je devrais le savoir, mon enfant… mais je suis si sotte. Serait-il brun ou blond ?

— Brun, répondit la jeune fille en se penchant sur son ouvrage,

— Et intelligent, je suppose ? Bien entendu. Élancé et avec un air romanesque ?

— Si tu veux bien, maman, nous parlerons d’autre chose.

— Pourquoi ? je ne suis pas sûre que nous ne puissions pas nous entendre sur l’idéal.

— Non ! s’écria Mamie avec un petit rire dédaigneux. Nous ne pourrions jamais nous entendre, car je préférerais qu’il fût pauvre.

— Tu peux te permettre d’épouser un homme pauvre si cela te plaît, dit Totty d’un air songeur. Mais n’aurais-tu pas peur qu’il t’aimât pour ton argent plutôt nue pour toi-même ?

— Non ! puisque je l’aimerais… c’est que j’aurais confiance en lui.

— Alors je ne vois pas pourquoi tu n’épouserais pas ton idéal. Voyons, ma chérie… nous savons bien toutes deux de oui nous parlons. Pourquoi ne pas nous le dire ? Je t’aiderais, alors. Je l’aime presque autant que tu l’aimes. »