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même alors fallait-il s’arranger pour qu’il fût content de ce nouveau tête-à-tête. Le n était pas facile, car Mamie était pour L’instant éperdument éprise et si elle n’avait pas été surveillée, elle l'aurait probablement ennuyé par sa présence trop assidue. Le comble de la diplomatie était de la tenir éloignée de lui pendant assez longtemps pour qu’il désirât retrouver sa société. Ah ! si le hasard voulait que Mamie fût amenée à se confier à sa mère ( ce à quoi elle ne semblait pas trop disposée ), la situation eût été plus aisée ! Et dans cet ordre d’idées, quoique Totty eût beaucoup d’affection pour George, elle entretenait toutes sortes de criminelles espérances à son égard. Elle désirait qu’il fût jeté à bas de son cheval et rapporté à la maison sans être positivement blesse, mais au moins évanoui, ou que son canot chavirât dans l’Hudson sous les yeux de Mamie — bref, que quelque chose lui arrivât qui pût causer une violente émotion à la jeune fille et la jeter dans les bras de sa mère.

La Providence ne vint pas en aide à Totty dans ce sens, elle se montra pourtant jusqu’à un certain point favorable dans une circonstance fortuite. On parlait depuis longtemps du mariage projeté entre John Bond et Grâce Fearing, et Totty apprit un beau matin que la cérémonie devait avoir lieu sous peu. Comme elle ne voulait pas aller à la ville, au cœur de l’été, elle se borna à envoyer un magnifique cadeau à Grâce. Totty ne laissa pas, bien entendu, échapper l’occasion de parler de tout cela à Mamie, espérant ainsi arriver à connaître les idées de sa fille sur le mariage en général et sur le sien en particulier.

« Johnnie Bond est un bien beau garçon ! » dit Totty à sa fille après qu’elles eurent causé quelque temps.