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douées ; toutes deux étaient majeures et jouissaient en pleine indépendance d’un gros patrimoine qu’elles avaient récemment hérité. C’est donc avec la résolution de les mettre an rapport avec son cousin qu’elle avait envoyé chercher celui-ci.

Quand George fut seul, il se renversa dans son fauteuil et jeta les yeux sur les objets familiers qui l’entouraient avec une expression d’ennui. Il n’aurait pu s’expliquer pourquoi il venait voir sa cousine, car, après ces visites, il rentrait généralement chez lui avec un vague sentiment de regret. Il s’accusait de venir chez Totty comme d’une défection, n’ignorant pas que le vieux Thomas Craik avait été la cause de la ruine de son père et devinant que Totty avait dû bénéficier de la même catastrophe, puisque son frère administrait sa fortune. Sa cousine ne lui semblait même pas aussi inoffensive qu’elle en avait l’air, et, tout en s’étonnant de sa propre hardiesse, il la soupçonnait d’aimer beaucoup l’argent.

Très jeune, il avait peur de s’en rapporter à son propre jugement sans cesser pour cela d’être convaincu que son instinct était juste. En somme, il était forcé d’admettre vis-à-vis de ni même qu’il y avait beaucoup de raisons contre ses visites chez les Trimm et il était tout prêt à reconnaître que ce n’était ni la personnalité, ni la conversation de Totty qui l’attiraient dans la maison. Pourtant, alors qu’il s’étalait sur le fauteuil capitonné qu’il avait élu, les pieds perdus dans l’épais tapis, et respirait cette atmosphère indéfinissable qui imprègne tous les coins d’une maison véritablement luxueuse, il s’avouait qu’il serait très difficile de renoncer à l’habitude de jouir de tout cela. Mais il ne se souciait pas d’analyser de trop près ses mobiles personnels, car il était pénible