Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 155 —

rait qu’alors même que George eut voulu raconter l’histoire il aurait eu jusqu’à un certain point le droit de le faire. Mais Grâce n’admettait pas cette résignation de sa sœur, qu’elle considérait comme une faiblesse.

À la grande joie des nouveaux mariés le dîner se passa très agréablement. Il n’y avait eu aucune froideur apparente de part ni d’autre et ils furent convaincus qu’il n’y en avait aucune.

« Voulez-vous être assez bonne pour répéter à votre sœur ce que je vous ai dit ? demanda George à sa voisine lorsqu’on se leva de table.

— Si vous voulez, répondit-elle avec indifférence. À moins que vous ne préfériez le lui dire vous-même. »

Le ton qu’elle mit à la dernière partie de la phrase montrait assez clairement quelle était son opinion.

« Vous avez raison, » dit-il.

Un peu plus tard dans la soirée, il s’assit auprès de Constance dans un coin du petit salon.

« Voulez-vous me permettre de vous dire quelques mots ? » demanda-t-il.

Elle le regarda avec une surprise mélancolique ; et s’il avait eu un peu plus de fatuité, George aurait vu qu’elle lui était reconnaissante de venir à elle.

« Je suis toujours bien aise de causer avec vous, dit-elle d’une voix légèrement tremblante.

— Vous êtes bien bonne, répondit-il d’un ton sec. Je ne vous importunerais pas si cela ne me paraissait pas nécessaire. J’ai déjà parlé de cette affaire à votre sœur pendant le dîner. Je désire que vous sachiez que je ne suis pour rien dans l’invention de l’histoire qui fait le tour de la ville. Je l’ai démentie à tout le monde et je continuerai à la démentir. »