Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 153 —

À table, George se trouva à la droite de Grâce. Pendant quelque temps il causa avec son autre voisine ; puis se tournant, il s’informa de l’époque à laquelle Grâce et sa sœur devaient quitter la ville et de ce qu’elles avaient l’intention de faire pendant l’été. Elle, de son côté, tout en répondant à ses questions, le regarda d’un air de froide et dédaigneuse surprise. Bientôt la conversation devint générale et bruyante. Sous le couvert des voix nombreuses Grâce put lui faire une question.

« Quelle intention avez-vous en racontant une histoire comme celle que tout le monde répète sur ma sœur ? » demanda-t-elle.

Pendant un moment les yeux de George étincelèrent de colère, puis il répondit sèchement et brièvement :

« Vous feriez mieux de faire cette question à Mlle  Constance… où à vous-même. Quant à moi, je n’ai rien dit.

— Mon intention n’est pas de discuter la chose ici, répondit Grâce d’un ton glacial. Si l’histoire était vraie, elle serait compromettante pour nous, et nous ne la raconterions pas. Mais c’est un mensonge, un indigne mensonge.»

Elle détourna la tête.

« Mademoiselle, dit George en se penchant un peu vers elle, je ne peux me laisser accuser de pareilles choses. Comprenez-vous ? Si vous voulez bien prendre la peine d’interroger la personne qui est à votre gauche, elle vous dira que j’ai constamment démenti cette histoire pendant ces quatre derniers jours. »

Grâce le regarda de nouveau et un changement s’opéra sur son visage. Elle allait répondre, quand la conversation générale, qui leur avait