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— Oh ! ce n’est rien du tout. J’avais envie de lire ton livre et je ne voulais pas faire de visites : j’étais juste assez enrhumée pour avoir une excuse. Un rhume est bien utile quelquefois… C’est absolument comme tes travaux ; ce sont de ces choses qui passent pour inévitables et vous permettent de faire tout ce qu’on veut. Mais vraiment tu as une mine affreuse… Veux-tu un peu de thé ?…

— Merci, répondit-il. Je n’ai besoin de rien, c’est un peu de fatigue seulement et quand ta mère m’a dit que tu étais seule à la maison, j’ai pensé que cela me ferait du bien de venir passer un moment avec toi.

—C’est bien aimable à toi. Je t’ai si peu vu depuis quelque temps. »

Il y avait un accent de regret dans sa voix.

« Quand te maries-tu, Mamie ?

— Quand quelqu’un me demandera, Monsieur… répondit en riant la jeune fille.

— Qui est ce quelqu’un ?

— Je ne sais pas, répondit Mamie avec un tout petit soupir. On m’a demandée en mariage, tu sais, ajouta-t-elle avec un autre rire, beaucoup de gens même.

— Mais pas le quelqu’un particulier qui hante tes rêves ? demanda George.

— Il n’a même pas commencé encore à me hanter. Mais c’est de toi que j’ai rêvé l’autre nuit.

— De moi ?… Comme c’est drôle !… Et quel est ce rêve ?

— Un rêve bien drôle… oui ! » dit Mamie en se penchant pour sentir les roses qui étaient près d’elle.

Il était étrange que la couleur rouge des pétales fût renvoyée sur son visage par les rayons du soleil.