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gence. Il ne lui serait pas venu à l’esprit, cependant, de cacher rien de ce qu’elle avait reçu de lui dans le tiroir secret. Ses sentiments pour son cousin était des plus simples et des plus solides, elle trouvait qu’elle avait le droit d’aimer George et que ses cadeaux avaient le droit d’être vus.Pointant, plusieurs fois récemment, quand elle l’avait observé dans une soirée, causant très vivement avec Constance Fearing, Mamie avait senti au bout de ses doigts une démangeaison de prendre tout ce qu’il lui avait donné et de le jeter dans la rue ; mais elle avait toujours été heureuse le lendemain de n’avoir pas cédé à ce mouvement destructeur.

Si George avait éprouvé pour Mamie la moindre chose approchant de l’amour, il eût certes remarqué que Totty avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour les tenir éloignés l’un de l’autre pendant les trois dernières années, c’est-à-dire depuis que Mamie était en âge de se marier. Mais comme il lui avait toujours été absolument indifférent qu’on le laissât seul ou non avec elle, il ne fut même pas frappé ce jour-là de ce que Totty lui proposait pour la première fois d’aller passer une heure avec sa fille quand il n’y avait personne.

George Wood était donc assis près de Mamie et de ses fleurs, écoutant son babil, répondant un peu vaguement à ses remarques, et se demandant comment il se faisait qu’il fût en vie, et puisqu’il existait, pourquoi il se trouvait là.

« Tu as l’air fatigué, George, dit la jeune fille, en étudiant son visage. Tu as l’air malade.

— Moi ?… je vais très bien. J’ai eu beaucoup de travail ces temps-ci. Et toi, Mamie… qu’est-ce que tu as ? Ta mère vient de me dire que tu étais très enrhumée. J’espère que ce n’est rien de sérieux.