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ne pourra-t-il vous émouvoir ? Ne voyez-vous pas comme je souffre ?

— Oui, je vois. »

Il ne bougea pas, il n’inclina pas la tête.

Elle leva les yeux sur lui et fut terrifiée par l’expression de sa physionomie.

Elle s’éloigna lentement, comme en proie à un désespoir sans bornes. Puis, par un mouvement subit, elle se jeta sur le canapé et enfonça sa tête dans les coussins, en même temps que de violents sanglots l’agitaient toute. George resta immobile, la regardant avec des yeux inexorables Pendant une grande minute, on n’entendit que le bruit de ses sanglots.

« Que vous êtes cruel ! dit-elle. Oh ! George, vous me fendez le cœur !

— Vous paraissez surtout dominée par la pitié pour vous-même, répondit-il d’une voix sourde. Si vous n’avez plus rien à me dire…

— Oh ! ne vous en allez pas… ne vous en allez pas… je vous en supplie ! » s’écria-t-elle en joignant les mains.

Il s’éloigna et alla à la fenêtre. Pendant quelques minutes, tout fut silencieux dans le salon

« George… » commença timidement Constance.

George se retourna vivement.

« Puis-je faire quelque chose pour vous ?

— Ne pouvez-vous pas me dire que vous me pardonnez ? Ne pouvez-vous pas me dire une bonne parole ?

— Vraiment, cela me serait très difficile. »

Constance, un peu remis, regardait à travers la chambre d’un air égaré, en même temps que ses larmes se séchaient lentement sur ses joues. Son courage et son orgueil avaient disparu et elle offrait la véritable image du repentir et du déses-