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ça-t-elle de sa voix douce et grave. Elle est très malheureuse et n’est pas en état de supporter plus longtemps une situation équivoque. »

La figure de George s’assombrit : il savait maintenant ce qui allait suivre. Il ouvrit les lèvres. Il allait parler, mais il se contint, après avoir réfléchi qu’il ne connaissait pas encore jusqu’où allait la communication.

« J’en suis désolée, continua-t-elle d’un air sérieux. Je sais tout ce qui s’est passé. Constance devait nous donner une réponse définitive aujourd’hui. Elle n’a pas eu le courage de vous la donner elle-même. »

Grâce s’arrêta un instant et, si George ont été moins agité, il aurait vu ses lèvres se plisser un peu pendant qu’elle prononçait les derniers mots.

« Après avoir bien interrogé son cœur, ajouta-t-elle pour terminer, elle sait qu’elle ne vous aime pas ; jamais elle ne pourra être votre femme. »

Dans le premier moment, le cœur de George ne bougea pas. Puis il se mit à battre furieusement. Lui, resta immobile et calme d’apparence, pendant que son visage pâlissait lentement, que ses yeux étincelants se cerclaient de noir et que sa bouche dédaigneuse se faisait rigide comme la pierre. Il gardait le silence.

Grâce, se rendant compte de l’état de George, sentit qu’elle devait ajouter quelque chose.

« Je savais que cela en arriverait là. dit-elle doucement. Je connais Constance mieux que vous ne la connaissez. Il y a très longtemps que je lui ai dit qu’au dernier moment elle vous refuserait. Elle est très malheureuse et n‘a recommandé de vous dire qu’elle restait vis-à-vis de vous ce qu’elle avait toujours été, qu’elle espérait vous voir très souvent, qu’elle avait pour vous les sentiments d’une sœur.