Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vant l’irrémédiable du lendemain, le labyrinthe se faisait plus confus, la lumière moindre.

« Je ne veux pas l’épouser… je ne peux pas… je ne peux pas ! » s’écria-t-elle enfin, absolument épuisée de fatigue et d’anxiété.

Et la nuit étant venue, elle se jeta sur ses oreillers, espérant trouver du repos, tandis que ces paroles résonnaient toujours à ses oreilles. Elle dormit un peu et répéta pendant son sommeil le même cri qui finit par devenir machinal et s’imposa à sa volonté. Quand le jour se leva, elle était décidée à ne pas épouser George et sa résolution était irrévocable ; mais il restait à la lui faire connaître.

Elle se sentit glacée à la pensée de la scène qui l’attendait, et comprit qu’il lui serait impossible de supporter un pareil effort. Elle s’était imaginée, que la décision à laquelle elle était arrivée était le résultat fie la lutte soutenue contre elle même. En réalité, elle avait succombée sous sa propre faiblesse, préférant faire quelque chose de négatif plutôt que de se soumettre à un esclavage auquel elle pourrait désirer se soustraire alors qu’il serait trop tard. Avec un peu plus de fermeté de caractère elle eût vu qu’elle aimait George très sincèrement et qu’elle n’avait nullement renoncé à l’espoir de devenir plus tard sa femme. Elle se serait même probablement conduite tout différemment si elle avait été certaine qu’elle brûlait ses vaisseaux et se coupait toute possibilité de retour. En somme, sa résolution n’était qu’une concession à son désir de gagner du temps.

Elle cherchait le moyen de prévenir George. Elle avait pensé d’abord à lui écrire ; mais cela n’eût-il pas été bien cruel, après une épreuve aussi longue ? Se trouver en face de lui, elle ne le pouvait