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cieux et irréalisable rêve. Il avait maintenant un avenir devant lui, qui pouvait être brillant, et qui serait en tout cas honorable, et c’était avec grande confiance qu’il voyait approcher le 1er mai, s’attendant à recevoir ce jour-là une réponse définitive de Constance. Il y avait un an qu’elle lui avait avoué qu’elle l’aimait un peu, et, à présent, cette année, la seule qu’elle eût exigée comme période d’épreuve, s’était écoulée apportant à George le premier grand succès de sa vie. Sa réputation croissante était entre eux comme un lien dont ils avaient tissé ensemble toutes les cordes. Depuis quelque temps il s’était abstenu de l’interroger sur son amour. Elle était toujours la même Constance qu’il avait connue si longtemps… douce, sympathique, bienveillante, enthousiaste pour ce qu’il faisait, persuasive quand il était indécis, pensive lorsque son goût ne s’accordait pas avec le sien. En jetant un regard en arrière sur ses longs mois d’intimité, George reconnaissait qu’elle ne s’était jamais engagée, qu’elle n’avait jamais fait une promesse, jamais donné directement à entendre qu’elle consentirait à être sa femme. Et pourtant toute la vie de la jeune fille, depuis qu’il la connaissait, semblait à George n’avoir été qu’une seule promesse et il se fût accusé, comme d’une trahison, de suspecter sa sincérité.

Durant les derniers jours d’avril, Constance était devenue très perplexe, ne sachant encore quelle réponse elle pourrait donner à George. Elle lui avait écrit un mot pour lui dire qu’elle l’attendait, et, la veille du jour fixé, elle resta dans sa chambre pour livrer encore une fois avec elle-même un dernier combat. Elle regrettait à présent de n’avoir pas fixé l’époque à vieux ans, elle eût mieux su alors ce qu’elle voulait. Mais de-