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lui plaire qu’à l’ordinaire. En cela elle raisonnait comme son mari l’avait fait, disant qu’un homme qui a changé une fois son testament peut très vraisemblablement le changer de nouveau. Elle n’épargnait aucune peine pour le distraire et y arrivait même à son insu, car le vieux Tom, qui comprenait la raison du manège de sa sœur, s’en amusait beaucoup intérieurement.

Le vieillard suivait le succès croissant de George Wood avec un intérêt qui eût surpris celui-ci, s’il en avait été instruit. On eût dit qu’en lui assurant la fortune, Tom Craik l’avait poussé dans la bonne direction. Depuis ce moment, en effet, la chance de George avait commencé à tourner, et maintenant, tout en restant ignorant de la richesse qui l’attendait, il était déjà loin sur la route de la célébrité et de l’indépendance. Dans son isolement l’ancien spéculateur trouvait une nouvelle et vive émotion à suivre les efforts du jeune homme pour lequel il avait secrètement préparé une si ravissante surprise. Il s’amusait à se représenter l’avenir qui attendait son héritier. Et il y avait dans ses conjectures quelque chose de diabolique, car M.  Craik connaissait bien le monde.

Sherrington Trimm tomba inopinément et gravement malade, durant le printemps qui suivit le premier succès de George Wood, et on lui ordonna de se rendre sans tarder à Carlsbad en Bohême. Totty trouva qu’il lui était absolument impossible de raccompagner, à cause de l’état précaire de la santé de son frère, qu’elle ne pouvait décemment quitter dans un pareil moment. Sherrington Trimm eut beau exprimer la croyance que Tom passerait l’été et peut-être plusieurs étés, sa femme, hochant la tête et citant doucereusement trois