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— Oui.

— Eh bien, je ne veux pas que vous vous en alliez avec l’impression que je vous ai déçu, » dit Constance en revenant à lui.

Puis, mettant ses deux mains autour du cou du jeune homme, elle l’embrassa doucement sur les deux joues.

« Pardonnez-moi, dit-elle. Je n’avais pas l’intention de vous causer du chagrin. Adieu… mon chéri. »

George quitta New-York vers la fin de juin. Il avait beaucoup écrit dans le courant de l’année et avait gagné assez d’argent pour se donner un peu de repos pendant les mois de chaleur. Il essaya de persuader à son père de l’accompagner. Mais celui-ci déclara que rien ne pourrait le décider à gaspiller de l’argent en voyages. Le vieillard était effectivement astreint à une sévère économie de tous les instants, mais il appréhendait surtout le manque de confort des hôtels. George partit donc seul.

Il avait déjà entamé un autre roman. Il ne considérait pas du tout son premier effort comme un véritable livre, mais à présent qu’il avait commencé de boire à la coupe d’imagination, la soif l’avait saisi, et il lui fallait l’apaiser. Cette fois-ci, cependant, il se mit résolument à l’œuvre pour faire de son mieux, s’efforçant de réprimer son ardeur et tâchant de se garantir de la fièvre qui menaçait de le pousser à l’extravagance. Il bornait rigoureusement son travail à quelques pages par jour, polissant chacune de ses phrases et les méditant longuement avant de les écrire. De cette manière, il était arrivé à produire environ la moitié d’un volume vers la fin d’août ; il se trouvait alors dans une charmante maison de campagne