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« Tant mieux, mademoiselle Fcaring, dit-il. Ces petites tentatives littéraires de jeunes demoiselles tournent rarement à bien ? ”

Le vieillard enveloppa le volume des « Essais Critiques » par William Johnson et le tendit pardessus la table à Constance.

«Y a-t-il autre-chose pour votre service, mademoiselle Fearing ? Un ou deux romans pour le mois de mai ? Non ? Permettez-moi de porter cela à votre voiture.

— Merci. Je suis à pied, je vais l'emporter. Bonsoir.

— Bonsoir, mademoiselle Fearing. Voici votre ombrelle. Bonsoir, mademoiselle Fearing. »

Constance avait ce qu’elle était venue chercher. Si William Johnson, auteur des « Essais Critiques », un journaliste et un homme très probablement au fait des tenants et aboutissants de la librairie, n’avait rien gagné avec son livre qui avait eu du succès, George ferait une très bonne affaire en recevant dix pour cent du prix marqué de chaque exemplaire de son roman. Constance sentit alors qu’elle avait fait tout ce qu’elle pouvait faire, et en conséquence elle fit ses préparatifs de départ.

Elle était bien aise de partir, afin de s’étudier elle-même. Sa nature éminemment scrupuleuse craignait de commettre quelque méprise qui pourrait gâter la vie de George et la sienne. Elle était dans l’appréhension continuelle de se laisser emporter par l’impulsion du moment à dire quelque chose qui pourrait l’obliger à l’épouser, avant d’avoir senti qu’elle l’aimait autant qu’elle désirait l’aimer. En se reportant en arrière, elle regrettait amèrement de lui avoir permis de lui embrasser la joue ce matin-là dans le Parc. Elle se