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— Écoutez, au lieu de rire : je désirerais vous mettre en relation avec elles.

— Ai-je donc l’air d’un homme qui perd son temps à plaisanter ? demanda George avec une imperturbable gravité.

— Non… Vous avez d’autres moyens d’arriver au même résultat.

— Merci. Vous êtes toujours aimable. Quand dois-je commencer à amuser vos petites amies ?

— Aujourd’hui, si vous voulez. Nous pouvons aller chez elles tout de suite. »

Instinctivement George Wood jeta un regard sur ses vêtements avec le souci de l’homme pauvre qui n’est pas toujours sûr d’être présentable. Sa préoccupation n’échappa pas à la cousine Totty, dont la finesse pénétra vite sa pensée et y trouva un stimulant de plus pour mettre à exécution ses bienveillantes intentions. Quelle honte, qu’un de ses parents, à elle, soit obligé de songer à de si misérables détails. Pour le moment, du reste, George était vêtu très correctement, mais Totty se souvenait de l’avoir quelquefois entr’aperçu alors qu’il était assez râpé. Comme cette pensée était un peu triste, elle l’éloigna vite, suivant l’habitude qu’elle avait de ne pas s’arrêter aux choses désagréables, et se persuada que son projet de marier richement son cousin lui acquerrait des droits à une gratitude éternelle.

Cependant George, après s’être assuré que son extérieur pouvait subir l’examen et se rendant compte que Totty avait deviné son regard, lui demanda immédiatement son opinion.

« Est-ce suffisant ? » dit-il avec une pointe comique de timidité et en jetant un coup d’œil sur la manche de sa redingote, comme pour expliquer ce qu’il voulait dire, tout en reconnaissant l’inutilité d’une explication.