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Constance n’avait pas à première vue été aussi impressionnée par cet homme qu’elle s’y était attendue. Il n’avait en somme rien dit de remarquable, ce qui n’était guère étonnant d’ailleurs, car il n’avait pas eu, dans cette courte conversation, beaucoup d’occasions de faire de l’esprit. Il appartenait à un milieu qui ne lui était pas familier et elle ne put s’empêcher de se demander si George n’avait que des amis de ce genre. Non qu’il y eût rien de commun ni de vulgaire en ce Johnson dont George faisait tant d’éloge. Il parlait tranquillement, sans aucun accent particulier, et tout à fait sans affectation. Il était habillé avec une simplicité et un goût parfaits, et il n’y avait rien de gauche en ses manières. Constance eût même vaguement désiré qu’il montrât un peu plus de gaucherie et de timidité. C’était évidemment un homme bien élevé et George disait que c’était un homme de la plus haute érudition. Mais lorsque Constance lui donna la main et qu’il eut fermé la portière du coupé, elle fut vivement frappée par l’impression que M. Johnson n’était assurément pas un homme qu’elle inviterait à dîner.

Elle était persuadée que si elle le rencontrait dans le monde elle éprouverait une vague surprise de l’y voir, bien qu’il lui eût été impossible de dire pourquoi il n’y pourrait pas être. D’un autre côté, n’ignorant pas qu’elle s’était mise jusqu’à un certain point à sa discrétion, puisqu’il était impossible qu’il ne devinât pas le motif de l’intérêt qu’elle portait à George Wood, elle préférait pourtant s’être confiée à cet étranger plutôt qu’à aucune des personnes de sa connaissance.

À cinq heures, le jour fixé, Johnson se rendit chez Mlle Fearing.

« Que vous êtes aimable ! » dit Constance lorsqu’il entra.