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— Je vous en prie, ne le montrez à personne, dit-il très sérieusement.

— Je ne promets rien. C’est à moi d’en disposer comme je le jugerai bon.

— Laissez-moi du moins le revoir… Je suis sûr qu’il est rempli de fautes, il y a un tas de mots passés, et la ponctuation est défectueuse.

— Non ; je ne veux pas. Vous pourrez faire vos corrections sur les épreuves. Vous me parlez toujours de ce que vous faites sur les épreuves.

— Constance ! Pour l’amour du ciel, rendez-le-moi et n’y pensez plus.

— Je ne vous rendrai rien du tout.

— Je vous en prie…

— Si vous n’êtes pas parti avant que j’aie compté jusqu’à cinq je vous haïrai. Je commence… un… deux…

— Eh bien, voici une satisfaction, dit George renonçant à la lutte : si vous l’envoyez à lire à un éditeur, vous ne le reverrez jamais et vous n’en entendrez plus parler.

— Je serai sur son dos jusqu’à ce qu’il le lise, dit Constance en riant. Voulez-vous être assez bon pour me conduire jusqu’à ma voiture ?… »

George l’accompagna et l’aida à monter dans le coupé qui l’attendait à une petite distance de l’endroit où ils s’étaient assis. Il était complètement abasourdi par la nouveauté de la situation et n’essaya même pas de parler.

La voiture partit. Constance n’avait pas décidé de ce qu’elle ferait de sa prise, mais elle ne fut pas longtemps à prendre un parti. George lui avait souvent parlé de son ami Johnson comme d’un homme très sûr sous tous les rapports.

C’était à lui qu’elle s’adresserait.

Elle donna donc ordre au cocher de la conduire