Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

comme je méditais tristement sur le parti que je devais prendre, je vis venir M. Hardy ; il était avec un autre homme. Ils me firent monter dans le fiacre et y montèrent avec moi. L’inconnu se plaça sur le devant de la voiture et me demanda si je le reconnaissais. Parfaitement, lui dis-je, vous êtes M. Billaud de Varennes qui m’avez interrogée à l’Hôtel-de-Bille. Il est vrai, dit-il, je vais vous conduire chez Danton, afin de prendre ses ordres à votre sujet. Arrivés à la porte de Danton, ces messieurs descendirent, montèrent chez lui et revinrent peu après me disant : Vous voilà sauvée ; il ne nous reste plus maintenant qu’à vous conduire dans un endroit où vous ne puissiez par être connue, autrement il pourrait encore ne pas être sûr.

« Je demandai à être menée chez Mme la Marquise de Lède, une de mes parentes. Elle était très âgée, et par conséquent je pensais ne pouvoir la compromettre. Billaud de Varennes s’y opposa à cause du nombre de ses domestiques dont plusieurs peut-être ne seraient pas discrets sur mon arrivée dans la maison, et me demanda d’indiquer une maison obscure. Je me souvins alors de la bonne Babet, notre fille de garde-robe ; je pensais que je ne pouvais être mieux que dans une maison pauvre et dans un quartier retiré. Billaud de Varennes, car c’était toujours lui qui entrait dans ce détail, me demanda le nom de la rue pour l’indiquer au cocher. Je nommai la rue du Sépulcre.

« Ce nom dans un moment comme celui où nous