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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

et pariétaires, et puisque nous savons que l’Empereur Constantin se moquait de son prédécesseur Trajan, il est permis de se moquer de M. Fleurus-Guillot qui composait toutes ces inscriptions républicaines.

Robespierre avait assisté à la fête et la procession de l’être suprême avec un bouquet de roses à la main ; ensuite il avait mis le feu à un mannequin représentant l’athéisme, c’est tout ce que je me rappelle du programme, et ceci lui fut imputé à superstition fanatique, à bigoterie, peut-être ? On lui supposa d’après le sermon qu’il avait fait à cette fête, je ne sais quelle tendance à la théocratie, et je vous réponds que ces patriotes-là furent plus intelligens que votre grand’mère, car je n’ai jamais rien entendu lire d’aussi profondément ténébreux et de plus incompréhensible que ce discours de Robespierre ayant un bouquet de roses à la main.

Je ne sais si c’était à raison de son théosophisme ou de son despotisme qu’il s’était fait un si grand nombre d’ennemis parmi les terroristes de la montagne et les autres buveurs de sang, mais il fut précipité du faite de la puissance au pied de la guillotine, inopinément, sans que nous pussions nous expliquer le motif humain qui pouvait déterminer un si grand acte providentiel, une si merveilleuse exécution de la justice divine ? On a dit qu’il aurait comploté contre la vie d’une trentaine de scélérats, tels que Thuriot, Fréron Collot-d’Herbois et Tallien, qui étaient des charansons de même farine, ou des scorpions de même roche que lui. Mais ces prétendus soleils de justice n’avaient jamais été ses