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SOUVENIRS

CHAPITRE VII.

Louis-Philippe d’Orléans. — Sa biographie. — Son jugement, sa condamnation, ses derniers momens et son supplice.


J’ai vu pendant l’espace d’un siècle, ou peu s’en faut, cinq générations se succéder dans une famille ; et cette famille était, pour ainsi dire, abîmée dans l’excès des prospérités humaines. On n’y songeait qu’au plaisir et au profit ; on n’y pratiquait aucune vertu ; on y donnait l’exemple de tous les vices ; on n’y parlait jamais d’honneur et toujours d’argent.

Si parmi les hommes en évidence il s’en trouvait de si décriés qu’ils fussent repoussés et comme reniés par leur famille, celle-ci les admettait parmi ses officiers ou ses familiers.

Quand un ecclésiastique avait souillé la pureté de sa robe, il devenait l’ami de la maison.

Une femme qui s’était dégradée par les plus honteux désordres était certaine de s’y faire admettre. Elle y régnait, elle y parlait haut et ferme ; elle y faisait entendre, à l’instar des maîtres et des habitués de cette maison des paroles de joie cynique, avec des éclats de ce rire forcé dont les honnêtes gens s’attristent toujours.

Si la débauche et la honte avaient été mises au