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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

donnés par l’Abbé du Puget qui s’était placé sur le passage de la Reine, à l’angle de la rue Royale et de la place Louis XVI, afin de l’absoudre, in articulo mortis, avec indulgence appliquée sur une relique de la vraie croix. On avait trouvé moyen d’en faire prévenir Sa Majesté ; mais comme on avait omis de lui dire que cet aumônier du feu Roi se placerait du côté gauche au dessous du garde-meuble, et comme cette Princesse avait le dos tourné de ce même côté (parce qu’on l’avait fait asseoir sur un banc qui était en longueur de la charrette et non pas en travers), elle avait commencé par regarder devant elle, et du côté de l’hôtel de Coislin, mais n’y reconnaissant personne, elle avait précipitamment retourné sa tête, et son visage éclata d’une sainte joie quand elle aperçut la vénérable figure de M. du Puget qui s’était fait monter sur un talus de pierres et qui lui fit voir un crucifix en lui donnant l’absolution.

Avant de sortir du régime de la Terreur, il me reste à vous parler de la condamnation de Philippe-Égalité, de la chute de Roberspierre et de la délivrance des prisonniers après le 9 thermidor ; je comptais m’en acquitter aujourd’hui, mais je ne m’en sens pas le courage. Je ne saurais penser qu’à la Reine, et je vais prier le bon Dieu pour le repos de son âme.