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SOUVENIRS

toute dénomination fanatique, et qui plus est avec la date préfixe de leur naissance et de leur âge, ce qui désobligeait prodigieusement un grand nombre de citoyennes, et ce qui faisait du quartier d’Antin, par exemple, un foyer de dénonciations, de contestations et de poursuites judiciaires à n’en pas finir. Il y eut bonne citoyenne appelée Pérégaux, qui fut dénoncée par une de ses voisines et qui fut condamnée a 500 fr. d’amende et dix jours de détention, pour délit de faux en écriture publique, et déclaration trompeuse[1]. Il en était de ces élégante de comptoir et de ces philosophes de boudoir, ainsi que des boutiquiers démocrates, et je les trouvais également bien récompensées de leur engouement révolutionnaire.

Item, on était bien prévenu « que tous les propriétaires d’anciennes maisons, parcs, jardins, d’enclos, et généralement toutes sortes d’édifices où l’on aurait conservé des signes de la royauté ou de la ci-devant aristocratie, seraient considérés comme suspects, et que lesdits endos, jardins, parcs, anciennes maisons, et autres édifices, seraient confisqués au profit du gouvernement républicain. » Je vous dirai précipitamment que Mme  de Mesmes avait une horreur de maison, dans la rue de la Sourdière, ou l’on découvrit un restant d’armoiries sur le fronton d’une porte à l’intérieur de la cour. On partit de là pour la confisquer, ce

  1. C’était la mère de la maréchale Marmont, duchesse de Raguse, et de M. le Comte Pérégaux, dont le père était banquier du Comité de salut public. (Note de l’Éditeur)