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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

de mettre en arrestation les individus qui se seraient montrés, soit par leur propre conduite, ou soit par leurs relations, les partisans de la tyrannie, de l’aristocratie ou du fédéralisme ; tous ceux à qui l’on aurait refusé des certificats de civisme, enfin tous les ci-devant prêtres et les ci-devant nobles, ou parens, amis, ou agens d’émigrés, qui n’auraient pas manifesté constamens le plus ardent amour pour la révolution : les tribunaux révolutionnaires, étant pourvus de la faculté de faire incarcérer tous les prévenus de suspicion qui auraient été acquittés par les tribunaux criminels de la juridiction ordinaire. Ce décret inique a produit l’arrestation de quatre cent soixante mille personnes, et Collot-d’Herbois avait consacré son vote au moyen des paroles suivantes à qui je trouvai beaucoup de signification. « Tout est permis à quiconque agit dans le sens de la révolution républicaine, et quiconque a l’air d’en dépasser le but n’y est pas encore parvenu. »

Il y eut un décret du 21 septembre 1793, qui défendit aux galériens de porter le bonnet rouge parce qu’il était devenu l’emblème de la liberté, et qui prescrivait à toutes les femmes françaises de se parer de la cocarde nationale, sous peine de huit jours de prison, et en cas de récidive, d’être considérées comme suspectes, et incarcérées jusqu’à la paix générale. Je ne veux pas oublier de vous dire, qu’en vertu d’une autre loi proposée par Cambacérès, on était obtigé d’afficher à la porte de chaque maison, le nom de toutes les personnes dont elle était le domicile, avec leurs prénoms émondés de