Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

et l’écume de l’espèce humaine… Ils répètent l’absurde maxime qu’ils tiennent leurs couronnes de Dieu, eh bien ! les peuples, prêts à broyer ces monstres, qui se disputent les lambeaux des hommes, vont, prouver qu’ils tiennent leur liberté de Dieu et de leurs sabres. »

— « Citoyens s’écriait Manuel, il fut roi, donc il est coupable, car ce sont les rois qui ont détrôné les peuples… Sans ces Mandrins couronnés, il y a tong-temps que la raison et la justice embelliraient et couronneraient la terre. Que de temps, il a fallu pour casser la fiole de Reims ! Législateurs, hâtez-vous de prononcer une sentence qui consommera l’agonie des rois ! Entendez-vous tous les peuples qui la sonnent ? Un roi mort ne compte pas pour un homme de moins. »

Le philanthrope Condorcet vient ensuite aligner géométriquement certaines affinités qu’il a découvertes entre la raison universelle des peuples et les lois éternelles de l’équité générale ; il se met à disserter sur l’existence collective des agrégations humaines qui doivent refuser d’admettre les influences des anciennes habitudes, en prétendant modeler tous les peuples dans tous les ages sur un archétype invariable, et c’est à cause de cela qu’il propose à la Convention de condamner le Roi Louis XVI à la peine des fers c’est-à-dire a la galère perpétuelle.

— « Écoutez, s’écrie d’un air sinistre et d’une voix sépulcrale, le frère aîné de notre aimable et malheureux camarade de prison, le jeune André de Chénier, — Écoutez, citoyens, mes collègues ; écoutez la voix de cette morale naturelle, source