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SOUVENIRS

qu’auprès des femmes galantes, les jeunes gens sont des riches honteux. Je lui répondis que les gens qui ne sont plus jeunes, et qui s’occupent de galanterie, sont des mendians effrontés.

Je ne sais pourquoi je ne vous ai pas encore parlé de la Comtesse de Milon, votre parente. Elle était la seconde fille de Jacques-Charles, Marquis de Créquy, agnat en chef de votre branche, et de Marie-Louise de Monceaux-d’Auxy, laquelle était la tante paternelle de ma très-bonne et très chère amie la Duchesse de Fleury. Le Marquis Jacques-Charles avait été Menin du Dauphin Louis IX, qui l’estimait et l’aimait comme un frère ; il avait obtenu la Grand’Croix de Saint-Louis sur le champ de bataille de Fontenoy, et son éloge, à titre d’Officier-Général, se trouve partout. Il avait eu pour fille aînée la Comtesse d’Aubéry, dont votre père a toujours pensé qu’il avait à se plaindre ; mais ce seraient des tracasseries surannées dont je vous éviterai l’ennuyeux récit. Nos relations avec la Comtesse de Miton de Mesne ont été toujours de la meilleure nature ; elle est glorieuse de son nom de Créquy, et voilà ce que je ne lui reproche pas. Elle a toujours agi de concert avec nous dans toutes les occasions familières, et notamment dans cette affaire contre MM. Lejeune, où cette chère Comtesse avait pris une peine infinie. Ma nièce de Milon, disais-je, équivaut dans un procès généalogique à trois Bénédictins, c’est à savoir Dom Chartrier, Dom Procureur et Dom Trésorier. Elle se tient continuellement dans ses terres, et c’est une véritable contrariété pour nous.