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SOUVENIRS

S’il avait vu qu’on dressait et servait un couvert à côté du cercueil de l’Enfant royal, à l’heure de ses repas, il en aurait dit de belles choses et profondément judicieuses ! Ces bourgeois philosophes étaient choqués par toutes les choses auxquelles ils ne s’attendaient pas et qu’ils ne savaient point, de sorte qu’ils se trouvaient animadversés continuellement.

À propos de ce député Goupilleau, qui était garde-notes et procureur-fiscal de mon neveu de Tessé pour sa vicomté de Montaigu, je vous dirai, tout en vous priant d’excuser la pauvreté de l’anecdote, qu’un pourvoyeur de l’hôtel de Tessé l’avait rencontré sur le bord de la rivière, au-delà des Invalides, et qu’il était à s’y promener avec l’air de s’impatienter.

C’est un de mes amis, dit-il à ce domestique, un député de Paris, qui m’a donné rendez vous pour dîner au Gros-Caillou ; il m’a dit que je le trouverais au Gros-Caillou entre l’Esplanade et l’École militaire, et je n’y vois rien ! Il avait pensé que ce devait être à côté de quelque gros caillou, qu’il ne pouvait découvrir. J’ai quoique honte, en vérité, de vous avoir entretenu de si petite gent, ledit Goupilleau n’étant pas même un de ces roturiers du tiers-frisé, qui savaient marcher les pieds en dehors.

Je ne vous parlerai pas, à l’occasion de ce Poitevin, des naïvetés de madame Bailly, dont on a fait des ana volumineux. Je n’ai jamais eu l’avantage de la rencontrer, et tout ce que j’en sais qui n’ait pas obtenu les honneurs de l’impression, c’est qu’en entrant dans le premier salon de l’hôtel de la Rochefoucauld, elle se trouva si confondue de sur-