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SOUVENIRS

le nez du monde et qui se refuse à dire Monsieur, quand il parle d’un Pensionnaire du Roi, Membre de l’Académie française et Sous-Greffier de la ville de Paris !

L’hôtel-de-ville et les gens de lettres en étaient dans une colère abominable : — Sédaine a très-bien fait, disait Monsieur, et s’il ne s’agissait que de prendre le nom d’une famille ducale pour se croire en droit de traiter les académiciens et les franc-bourgeois de Paris du haut en bas, ce serait un abus criant !

M. Papillon de la Ferté sollicita une audience de la Reine, afin de lui rendre compte de sa dispute avec cet académicien, ce qu’il ne manqua pas d’arranger de manière à lui donner tous les torts possibles. La Reine écoula patiemment cet ennuyeux et long récit, après quoi lui répondit Sa Majesté : — Je Je crois bien que vous n’avez pas fait porter en ligne de compte les décorations nouvelles, les costumes, les soldats, et tous les autres accessoires qui, suivant l’auteur, ont dû manquer à la représentation de son ouvrage. Je vous dirai, Monsieur l’intendant, que lorsque nous avons, le Roi et moi, l’occasion d’adresser la parole à un homme de lettres, ou lorsqu’il nous arrive de parler de lui, nous l’appelons Monsieur. L’intention du Roi ne saurait être que, pour les choses de son service, les employés de sa maison ne s’expriment pas avec autant de bienséance que lui-même. Le reste de votre différend ne me regarde pas. Je vous conseillerai seulement d’être plus honnête à l’avenir avec les gens de lettres, et notamment à l’égard de M. Sédaine, en vous rappelant que Messieurs de l’Académie française ont l’honneur de