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SOUVENIRS

-Seneterre ou Saint-Nectaire et de la Ferté-Meun nous disaient-ils en ricanant que l’opinion publique en ferait toujours suffisante et bonne justice, et pour en obtenir satisfaction, ces honnêtes gens comptaient sur l’effet du ridicule. Monsieur disait qu’on n’était pas en droit d’empêcher ce M. Papillon de porter le nom d’un petit fief appelé la Ferté.

— Mais vraiment, répondais-je à S. A. R., on pourrait toujours le lui défendre sous peine de lui retirer son intendance des Menus, ce qui serait dans l’intérêt de la Noblesse et par conséquent dans les intérêts de la Couronne. Le Roi n’aurait qu’un mot à faire dire et je ne vois pas de quel avantage il est pour l’État de souffrir une sorte de confusion qui porte atteinte à la considération de ces gens de qualité ?

– Vous n’approuveriez pas non plus me dit-il une fois, qu’un de mes gentilshommes…

– Ah je supplie Monsieur de ne pas me faire parler devant lui de ses Montesquiou ni de leur généalogie carlovingienne ! c’est un crime de lèse-haute-noblesse au premier chef, et c’est une affaire dont vous répondrez devant Dieu Monseigneur !

Il en riait imprudemment, sans prévoir aucune lâcheté dans l’ingratitude de ces gentilshommes ; il ignorait apparemment que les encouragemens qu’on donne à la prétention déraisonnable et l’exaltation vaniteuse, ont toujours un effet pernicieux ; mais il s’est trouvé des Montesquiou et des Talleyrand-Périgord qui n’ont pas manqué de lui faire expérimenter la chose, au mépris de son extrême bonté pour eux.