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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

siré sortir de Versailles et ne pas s’éloigner de la cour, afin d’habiter la campagne et d’y rester à proximité de la Reine ; la Csse Diane se mit en recherche d’une habitation commode et voilà qu’elle écrivit sans compliment à la douairière de Boufflers, afin d’en obtenir sa jolie maison d’Auteuil à location. Celle-ci procéda toujours pédantesquement ; elle a toujours eu des intentions dramatiques, et bien qu’elle eût pu répliquer tout uniment qu’elle ne pouvait se décider à passer la canicule au milieu de Paris, ou bien qu’elle ne voulait pas louer sa maison, par exemple, elle aima mieux s’en acquitter avec recherche, à dessein de manifester son bel esprit, et voici comment elle imagina de répondre à ces Dames :

« Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs ;
« Vos jours, toujours sereins, coulent dans les plaisirs ;
« La cour en est pour vous l’inépuisable source,
« Ou si quelque chagrin en interrompt la course,
« Le courtisan, soigneux à les entretenir ;
« S’empresse à l’effacer de votre souvenir,
« Moi, je suis seule ici, dans l’ennui qui me presse ;
« Je n’en vois à mon sort aucun qui s’intéresse,
« Et n’ai pour tout plaisir que ces bois et ces fleurs
« Dont l’ombrage et l’éclat tempèrent mes douleurs. »

— C’est un refus poli, dit la Duchesse de Polignac, mais je n’en suis pas moins surprise et fâchée qu’on ait eu l’indiscrétion d’avoir fait pareille demande à mon insu.

— Allons donc, repartit notre solliciteuse arrogante, toute autre femme que cette ridicule Boufflers