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SOUVENIRS

chéance, une somme de quarante-six mille écus pour arranger leurs affaires, et de plus, un cadeau de soixante mille livres, à l’intention de faire élever, entretenir convenablement et bien équiper ces petits gentilshommes : et c’étaient ces gens-là qu’on entendait vociférer contre les Potignac et les profusions de la cour !…

En écoutant ces folles criailleries, j’ai toujours pensé que le caractère et les autres inconvéniens de la Comtesse Diane étaient pour beaucoup dans cette injuste et générale exaspération contre son frère et sa belle-sœur, et par contre-coup, hélas ! contre notre malheureuse Reine qui les protégeait en suivant tout naturellement l’attrait de son cœur, sans irritation contre leurs ennemis, sans prévision sinistre et sans se douter de l’animadversion qu’elle excitait contre sa favorite et sa majesté[1].

La Duchesse de Polignac étant grosse, aurait dé-

  1. On a trouvé dans le même livre rouge que le Roi Louis XVI y avait mis sur les marges, en regard de toutes les propositions de dépenses qui devaient lui être personnelles. — Il n’y a rien de pressé, ou bien, — approuvé, à condition que cela ne sera pas d’habitude, et pour cette fois seulement. On y voyait aussi que cet excellent prince avait fait payer, de ses deniers, la somme de 950 mille livres aux créanciers du Prince Maximllien de Bavière-Deux-Ponts, auquel il faisait en outre une pension de quarante mille francs. Le lendemain du jour où l’on apprit à Manheim la funeste mort de Louis XVI, cet ancien pensionnaire du Roi donnait un bal où il dansa toute la nuit. C’est lui qui, par la grâce de Buonaparte, avait été créé Roi de Bavière en 1806. Chacun sait combien sa famille a montré de gratitude envers la maison royale de France qui l’avait toujours protégée et pensionnée.
    (Note de l’Éditeur)